Questions-réponses

Plant bio ou conventionnel, ça change quoi ?

Un plant labellisé bio est issu d’une semence produite selon des modes de production biologiques. C’est aussi un plant qui naît dans un terreau bio, auquel on n’ajoute pas de produit chimique (pesticides, fongicides, herbicides, fertilisants, additifs…).
Selon nous, produire un légume sain, ça commence en tout début de vie du légume ; c’est s’assurer que les semences et le milieu de vie dans lequel celles-ci ont démarré leur cycle ne soit pas pollué. Plus largement, acheter un plant bio, c’est non seulement se soucier de ce qu’on met dans son assiette, mais aussi soutenir des modes de production qui s’assurent qu’il n’y ait pas de produits néfastes à l’environnement qui se retrouve dans les sols, l’eau, l’air…même si ce n’est pas notre parcelle de terre, notre eau ou l’air que nous respirons directement.

Plant « non forcé » et local, ça change quoi ?

Souvent, les plants que l’on trouve en jardinerie conventionnelle ont été « forcés » ; afin qu’ils poussent plus vite, ils ont vécu les premiers mois de leur vie dans des serres constamment chauffées à la température idéale. Lorsqu’un plant est produit dans ces conditions, il est normal qu’il ait difficile à s’adapter au climat du jardin ; il subira un choc, sera affaibli. Une fragilité au repiquage aura un impact sur toute la croissance du plant, qui risque par exemple plus sensible aux maladies et prédateurs locaux ou d’être moins productif. Il en va de même pour les plants qui ont poussé sous des conditions climatiques totalement différentes des nôtres – et c’est entre autres pour cela que nous privilégions le travail avec les jardiniers locaux.
Chez nous, en début de saison, les plants les plus sensibles au froid démarrent leur croissance sur des tables chauffantes (la « nurserie »). Dès qu’ils ont formé leurs premières feuilles, ils rejoignent les autres dans nos serres, où ils seront uniquement protégés du froid par des voiles d’hivernage. Le fait de ne pas chauffer nos serres nous permet de produire des plants plus trapus, plus vigoureux, plus résistants au froid et aux maladies… et qui auront une bien meilleure reprise à la plantation.

C’est quoi une « semence paysanne », « libre de droits et reproductible » ?

Les semences paysannes (dites parfois « anciennes ») sont des variétés issues de celles que, depuis des dizaines, voire des centaines d’années, les paysans ont sélectionné, amélioré et multiplié, utilisant des procédés traditionnels de sélection. Au fil du temps, ces variétés ont évolué pour s’adapter aux nécessités agronomiques, alimentaires, culturelles, ou encore aux changements climatiques. Elles ont non seulement un intérêt agronomique mais aussi écologique car elles favorisent la biodiversité. Ces semences appartiennent à tous, sont libres de droits de propriété.
Cultiver ces variétés, c’est contribuer à la sauvegarde de notre patrimoine génétique végétal, mais aussi défendre une éthique favorisant la biodiversité et non les intérêts de l’industrie semencière. Car, vous vous en doutez, les enjeux qu’il y a derrière tout ça sont énormes et la production de semences est de plus en plus réglementée ; il existe aujourd’hui un catalogue des variétés, imposant des normes d’homogénéité, de stabilité… qui n’ont, selon beaucoup, aucune légitimité.

C’est quoi le catalogue des variétés ?

Les catalogues officiels répertorient les variétés dont les semences sont autorisées à la vente et à la culture. Initialement, ces catalogues ont été créés afin d’arbitrer le marché naissant de la production de semences, de clarifier l’identification des variétés et de protéger les agriculteurs de fraudes. Là où le bât blesse, c’est que pour inscrire une variété au catalogue, il faut lui faire passer plusieurs tests validant ou non l’intérêt de son inscription et que les frais d’inscriptions sont élevés.
Ainsi, beaucoup estiment aujourd’hui que ces catalogues ne sont pas adaptés aux réalités du monde agricole, et qu’ils sont devenus un obstacle à la sauvegarde de la biodiversité. Ces catalogues servent désormais surtout les intérêts des entreprises multinationales de l’agroalimentaire, contribuant ainsi à la privatisation du vivant.
La législation est complexe et floue. Heureusement, on a encore le droit de semer dans son jardin n’importe quelle variété, reconnue ou non, pour sa consommation personnelle. En revanche, la commercialisation de semences qui ne sont pas inscrites au catalogue officiel est en règle générale interdite. Heureusement, il existe encore des semenciers qui résistent et revendiquent le droit de semer et de distribuer des semences libres de droit et reproductibles – ils agissent dans l’illégalité et cela leur coûte parfois de nombreux procès.

C’est quoi une variété hybride ?

Qu’on le sache ou non, lorsqu’on achète des semences ou des plants, on se retrouve souvent devant le choix entre « variétés anciennes » ou « variétés hybrides » (dites aussi « F1 »). Quelle est la différence ? Comme les humains, les plantes ont un patrimoine génétique, qui définit leur forme, leur taille, la couleur des fruits, leur degré de résistance aux maladies…résultat de la combinaison du parent mâle (la fleur donneuse de pollen) et femelle (la fleur qui a porté le fruit) de la plante. Lorsque des sélectionneurs créent une plante « hybride », ils combinent les caractères de plants mère et père appartenant à des lignées différentes, afin de combiner au sein d’une même variété, par exemple, des qualités gustatives et de résistance à plusieurs maladies.
L’hybridation n’est pas un mauvaise en soi, et lorsqu’elle se fait de manière naturelle (par le biais des insectes polinisateurs), elle est même salutaire car comme tout être vivant, les plantes ont besoin d’apport de nouvelles informations génétiques ; une lignée « pure » est hautement consanguine et amène à des pertes de vigueur et dégénérescences (d’où l’intérêt de cultiver de nombreuses variétés différentes dans son potager)…
Mais le premier problème que les plants dits « hybrides » posent, c’est que les techniques employées par les sélectionneurs pour les produire ont pour effet qu’il est impossible de les reproduire à l’identique d’une génération à l’autre. Cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas récolter les graines d’un plant hybride ; vous le pouvez, simplement, ces plants n’auront peut-être pas le même goût, le même rendement ou une aussi bonne résistance aux maladies. Dans le cas des agriculteurs, dont beaucoup visent avant tout les hauts rendements et l’homogénéité, l’achat de semences hybrides est de plus en plus privilégiée et, tous les ans, il faut payer pour ressemer. Cela a pour conséquence de rendre la production de nourriture plus dépendante des grosses entreprises de l’agroalimentaire, qui imposent leurs prix.
L’autre problème, c’est que par le biais des obligations d’inscription aux catalogues des variétés, les grands semenciers parviennent petit à petit à imposer leurs variétés hybrides, aux dépens des autres. Les autres, ce sont les variétés anciennes, qui n’appartiennent à personne et à tout le monde en même temps – et pour lesquelles personne ne veut prendre en charge la procédure longue et coûteuse d’inscription officielle au catalogue.